Une rencontre en amène une autre. Il y a quelques semaines, lors de la présentation du livre "Médecines d'ailleurs", j'ai fait la connaissance de Manon qui m'a parlé d'Itsuo Tsuda.
Aujourd'hui, je vous invite à rencontrer Régis Soavi, conseiller technique de l'école Itsuo Tsuda qui a eu la gentillesse de répondre à quelques questions. Bonne découverte !
Bonjour Régis Soavi, 2014 est l’année du centenaire d’Itsuo Tsuda. Pouvez-nous nous
présenter l’homme Itsuo Tsuda ?
Animé par le désir de partager ses recherches sur le Ki, le japonais Itsuo
Tsuda crée un pont entre l'Orient et l'Occident et nous fait découvrir sa
philosophie du Non-faire dans son enseignement et ses livres écrits en
français.
Ce fut un homme au parcours atypique qui se révolta dans sa jeunesse
contre la volonté de son père qui le destinait à devenir l'héritier de sa
fortune, refusant ainsi de suivre les voies toutes tracées pour lui.
À vingt
ans il quitta le Japon pour partir à la recherche de la liberté de pensée.
Itsuo Tsuda découvre alors la France des années trente, on imagine bien le choc
des cultures... Il fit ses études auprès de chercheurs renommés tels que Marcel
Granet et Marcel Mauss et rentra au Japon en 1940 riche de leurs enseignements.
Il se mit alors à approfondir ses connaissances en matière d'arts traditionnels
japonais et devint notamment disciple des maîtres Noguchi (fondateur du seïtaï
et du katsugen undo) et Ueshiba (fondateur de l'aïkido).
Se lançant dans une aventure
qu'il qualifia lui-même « sans garantie ni promesse » il revient en
France en 1970 pour propager le katsugen undo (c’est lui qui l'introduisit en
Europe) et ses idées sur le « ki ».
Quelles sont les grandes lignes de son approche ?
Itsuo Tsuda nous propose une philosophie pratique, c'est à dire la possibilité
de rendre concrets des concepts philosophiques dans notre vie de tous les
jours.
À travers le mouvement régénérateur (terme qu'il choisit pour traduire « katsugen undo »), le seïtaï et l’aïkido, chacun peut réveiller
sa sensibilité, retrouver la liberté intérieure et redécouvrir son autonomie.
Dans la philosophie du Ki
il est question de l'individu dans sa globalité, sans faire de distinction
entre le mental et le physique ; la pensée, l'action, l'individu et son
environnement ne font qu'un dans cette approche de l'être humain.
Régis Soavi, vous êtes le conseiller technique de l'École Itsuo Tsuda, comment
avez-vous rencontré Itsuo Tsuda ? Quelle influence a-t-il eu dans votre
vie ?
Ma rencontre avec Itsuo
Tsuda en 1973 fut décisive pour ma vie et a orienté mon parcours professionnel. J'étais alors en train de me former en tant que professionnel dans les
fédérations d’aïkido.
C'est par l'intermédiaire d'un de mes enseignants de
l'époque que j'ai pu découvrir cet homme qui m'impressionna par sa simplicité
déconcertante et par la profondeur et la richesse intérieure qui émanaient de
lui.
Son aïkido me laissait perplexe : comment était-ce possible qu'aucune
de mes attaques – pourtant portées de manière bien décidée par le jeune aïkidoka
que j'étais – n'atteignait sa cible ? Tsuda y répondait en s'écartant,
avec des petits gestes de rien du tout, il me « désarmait » rien que
par sa présence qui faisait disparaître en moi toute velléité d'attaque.
C'était à la fois agaçant et intriguant...