jeudi 30 janvier 2014

Interview : Claudine Brelet, anthropologue et femme de lettres

Chers lecteurs, 

Aujourd'hui je vous invite à rencontrer Claudine Brelet, anthropologue et femme de lettres qui a la gentillesse de nous parler de son parcours, de ses travaux et de son dernier livre.

Bonne découverte !


© Zabaleta
Bonjour Claudine Brelet, si vous deviez vous présenter en quelques mots ?
Je suis anthropologue. Mes premiers "terrains" en Bulgarie (j'allais avoir 23 ans) m'ont permis de découvrir la richesse de la médecine populaire bulgare.
Stagiaire à l'Institut d'ethnographie du Musée d'ethnographie de Sofia, en 1964, j'ai découvert combien cette médecine traditionnelle était liée à la médecine hippocratique et indissociables des traditions culturelles de ce pays.

Je me suis donc lancée dans l'étude d'autres médecines traditionnelles et constaté que toutes reflètent une certaine manière de pensée propre à la culture, à la manière dont une civilisation conçoit l'univers, la place que l'être humain occupe dans la nature. La capacité de penser est universelle chez l'être humain, mais pas la manière de penser qui dépend du paradigme, du modèle de l'univers auquel une population se réfère.



La chance a joué pour moi, car j'ai rencontré Jacques Bergier chez un ami folkloriste, Claude Seignolle. Jacques Bergier m'a commandé un livre sur "les médecines traditionnelles sacrées". C'était un concept tout nouveau. Il est vrai que Jacques Bergier était un pionnier en de nombreux domaines. En 1976, ce livre a été couronné d'un prix d'Histoire de l'Académie française, le même jour qu'un autre livre que j'avais écrit à la suite de mes articles pour la "Revue du Planning familial français". Ce livre, "Dis-moi, comment je suis né ?" a, lui, reçu le prix du Meilleur Livre pour la Jeunesse".

Il se trouve qu'en février 1974, j'ai vécu la première césarienne sous analgésie acupuncturale pour la naissance de ma fille cadette.
A cette époque, l'OMS avait fait des médecines traditionnelles son cheval de bataille pour améliorer la santé des populations des pays dits "en développement". J'ai rédigé un premier document sur les médecines traditionnelles en Europe de l'Est pour l'OMS. Puis j'ai été sollicitée pour venir y travailler, ce que j'ai fait avec beaucoup d'enthousiasme pendant dix ans.


J’ai finalement conclu ma recherche sur les médecines traditionnelles en écrivant une synthèse de mes travaux et des connaissances que j’ai acquises à l’OMS et sur des terrains très variés, dans un livre de la célèbre collection « Bouquins » (éditions Robert Laffont). 



Ces médecines font partie du Patrimoine de l’humanité et répondent aux questions sur lesquelles la science moderne reste muette : Pourquoi souffrir ? Pourquoi la maladie ? Ce livre intitulé Médecines du Monde comprend quinze chapitres dans lesquels j’ai voulu entraîner les lecteurs à la rencontre d’autres civilisations, de l’Afrique à l’Amazonie en passant par l’Égypte et la Grèce antique, la Chine taoiste, le Tibet, l’Inde, le Monde arabe et la vieille Europe… 

C’est pourquoi l’un de mes directeurs à l’OMS, le Dr André Prost, écrit dans sa préface que cet ouvrage est « un voyage dans l’espace et dans le temps, dans la richesse des civilisations et des traditions comme dans les profondeurs de notre propre inconscient. » 

Que souhaitez-vous transmettre à travers vos nombreux ouvrages et travaux?
Ma démarche est indissociable de ce que j'ai appris à l'OMS : le respect de la diversité culturelle, le respect de "l'Autre", c'est-à-dire réinjecter quelques valeurs éthiques qui sont la base essentielles de toutes les civilisations "durables". 




Un de mes collègues anthropologues, le Professeur Michael Singleton, a forgé le terme "immondialisation" à propos de cette mondialisation qui appauvrit de plus en plus les pauvres de plus en plus nombreux, sans aucun respect pour la personne. La crise dont l'on parle tant est, en réalité, un processus de "déshumanisation"... de cannibalisme financier.

Vous venez de publier un livre, "Au seuil du Grand voyage, Entretiens inédits avec Pierre Mac Orlan". De quoi s'agit-il ?
Deux voyageurs dans l’âme se rencontrent. Pierre Mac Orlan a 88 ans et pourrait être le grand-père de la jeune femme venue l’interviewer. Elle, alors âgée de 28 ans, finance ses recherches sur le folklore en écrivant pour la presse. Fascinée par le « maître du fantastique social », elle lui prête une oreille quasi filiale, à la fois rieuse et attentive. 

Dans ces entretiens inédits, "Au seuil du Grand Voyage", Pierre Mac Orlan, oublieux de sa mélancolie littéraire dans sa maison de Saint-Cyr-sur-Morin, lui peint à coeur ouvert la fresque de sa longue vie. Un récit tonique, parfois tonitruant et râleur. 
Les souvenirs de ses rencontres avec de grands artistes (Picasso, Apollinaire, Vlaminck…), amis de ses jeunes années dans le Montmartre des apaches et de Toulouse-Lautrec, surgissent et s’entremêlent de confidences et de conseils portés par un regard acéré et malicieux sur les femmes, l’érotisme et le monde littéraire. Détestant la guerre, mais admirant le courage des soldats, Mac Orlan manie le paradoxe avec humour pour dénicher le fantastique social dans les ombres d’une époque qu’il redoutait de voir disparaître à jamais. 
Plus que des entretiens sur le mode littéraire classique, cet ouvrage offre l’autoportrait de ce grand écrivain romantique et rebelle, plus écossais que nature, rugbyman combatif et fin lettré, qui eut pour culte la liberté et pour rêve la fraternité humaine.


Et maintenant un peu de rêve ! Imaginez que vous découvrez par hasard un parchemin très ancien. Qu’aimeriez-vous qu’il contienne ?
Je ne pense pas avoir beaucoup de préjugés. Je préfère donc les bonnes surprises que la vie peut offrir !

Souhaitez-vous ajouter quelques chose ?
Oui : merci de votre intérêt. Et bon courage pour l'avenir !

Pour en savoir plus sur les travaux de Claudine Brelet : 

Vous pouvez également écouter le podcast de l'émission "la tête au carré" du 3 mars 2014 sur les médecines traditionnelles du monde, en compagnie de Claudine Brelet et du médecin urgentiste Bernard Fontanille : 



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Chère Madame Brelet,

Je vous remercie beaucoup pour ce partage et vous souhaite des beaux projets à venir...

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