Bonjour Laure ! Avant de parler de Jeanne, quelques mots pour te présenter aux lecteurs ?
Bonjour Stéphanie !
Tu viens de publier ton livre, sur Jeanne L'alsacienne, une de tes ancêtres. Qui est-elle par rapport à toi ? Comment a germé l'idée d'écrire sur cette femme de ta famille ?
Depuis longtemps, je me demande pourquoi on ne parlait quasiment jamais, chez mes parents, des origines alsaciennes de ma mère. Pourtant, quand j’étais petite, on me disait parfois que je ressemblais à mon arrière-grand-mère Jeanne qui était la grand-mère maternelle de ma mère et qui était alsacienne. Après la mort de mes parents (2013 puis 2016), j’ai senti que c’était le moment d’apprendre à la connaître.
C’était un besoin très fort, pas explicable mais vraiment fort. Il faut dire aussi que je souffre de fibromyalgie depuis de longues années et que je sentais qu’il y avait peut-être une cause ancienne et inconnue. Jeanne est morte en 1968 quand j’avais 3 ans. Je la voyais toutes les semaines et je ne m’en souviens pas du tout.
Alors, par amour pour cette Jeanne que je ne connaissais pas, j’ai décidé d’enquêter en profitant de la chance d’avoir trouvé chez mes parents pas mal de documents (photos, croquis, lettres), tout en sachant que ce ne serait pas simple car je ne connaissais rien du tout à l’histoire d’Alsace.
Ton processus d'écriture sur ton ancêtre a suivi une approche bien particulière. Peux-tu nous l'expliquer ?
Alors là, je peux expliquer mon approche mais je ne peux pas expliquer pourquoi je l’ai choisie. Je n’en sais rien, c’est comme ça, une évidence !
Mais une évidence assez spéciale puisque j’ai décidé de commencer à écrire sans consulter le moindre document. Je me suis servie de moi comme d’une page blanche : je ne savais rien alors j’ai décidé d’écouter mon corps, mes sensations et mes émotions, avant de chercher quoi que ce soit de concret. Et là, surprise !
J’ai écrit 10 chapitres à partir de rien ! Juste des bribes de souvenirs qui remontaient à la surface quand je me mettais à l’écoute de moi-même et de mon entourage. Après cette première étape, j’ai écrit avec une documentation restreinte, celle que j’avais chez moi uniquement : lettres, photos, croquis, morceaux d’arbres généalogiques, vieux papiers de famille… 20 chapitres de plus !
Puis,
enfin, j’ai commencé la véritable enquête en bonne et due forme, comme la font
la plupart des généalogistes en herbe. J’ai cherché sur internet et je suis
allée en Alsace, me crever les yeux à déchiffrer des archives par centaines…
Qu'est-ce qui t'as étonnée lors de l'écriture de ce livre ?
Je n’ai pas voulu du tout romancer le récit. Je n’ai donc fait que poser des hypothèses : imaginer ce qui avait pu se passer, exprimer mes doutes…et mettre des points d’interrogation partout !
Ce qui m’a fascinée c’est la quantité incroyable d’informations que j’ai fait émerger de moi-même et la concordance entre ce que j’ai supposé sans preuves et ce que j’ai trouvé plus tard dans la documentation. À vrai dire, il y a très peu d’erreurs.
J’ai tenu à ne pas du tout modifier le texte
de mes deux premières parties après avoir écrit la troisième, pour que mon
témoignage soit le plus véridique possible. Il est donc facile de comparer les
hypothèses du début du livre (mémoire corporelle) avec les preuves écrites
étudiées ensuite (archives).
Pour toi un récit transgénérationnel c'est...
…Un récit sur plusieurs générations qui démontre à quel point des événements plus ou moins dramatiques peuvent être transmis à la descendance de façon consciente mais aussi de façon tout à fait inconsciente.
Au début de mon récit, je pensais « remonter » l’arbre généalogique de moi jusqu’à Jeanne. Mais, très vite, j’ai compris que je ne pourrai pas connaître Jeanne sans connaître son histoire, donc ses parents, ses grands-parents et même ses arrière-grands-parents… J’ai ainsi « remonté » sept générations en suivant la lignée des femmes, jusqu’à l’arrière-grand-père de Jeanne, né pendant la Révolution française dans un village d’Alsace où il acheta une source d’eau minérale. Cet homme à forte personnalité semble avoir « empoisonné » toute sa descendance.
L’essentiel de mon travail (découverte de plusieurs secrets de famille) montre
par quels mécanismes le poison des fidélités familiales inconscientes s’est
transmis, en causant nombre de « dommages collatéraux » (folie,
suicides, maladies…). J’ai découvert la discipline de la psychogénéalogie en
cours de rédaction et j’ai été surprise de constater que tous les liens que
j’avais relevés entre les « personnages » de mon arbre généalogique
correspondaient exactement à l’approche théorique de la psychogénéalogie mise
en lumière par Anne Ancelin Schützenberger dans les années 1980.
A ce stade de la vie de ton livre, que retires-tu de cette expérience d'écriture et de partage de cette histoire plus largement ?
Chaque stade d’écriture a été générateur de découvertes et de rencontres incroyables ! J’ai rencontré des personnes bienveillantes avec lesquelles j’ai noué une amitié forte, j’ai fait connaissance avec des cousins éloignés qui comme moi cherchent leurs racines, j’ai appris à connaître et à aimer l’Alsace et son histoire…
J’ai
aussi découvert le monde de la généalogie : les salles d’archives, les
blogueurs passionnés, le côté addictif des recherches jamais achevées. J’ai été
accueillie au Cercle Généalogique d’Alsace, association dans laquelle je suis
désormais très investie (j’anime le blog « Généalogie Alsace »).
Mon écriture a été largement guidée par les douleurs que la fibromyalgie m’inflige. Certains verront d’ailleurs des styles d’écriture très différents selon les jours où je suis bien portante (donc capable d’analyse rigoureuse) et ceux où les douleurs trop intenses génèrent des phrases plus vives et spontanées. Je considère désormais que la douleur a joué un rôle de démarreur autant que ma soif de connaître Jeanne.
J’ai appris à mieux me connaître, à m’écouter, à respecter le rythme que la
maladie m’impose. Sur de nombreux plans, je suis en bonne voie
d’apaisement ! Je trouve fabuleux de constater la richesse immense des
ressources que chacun de nous a en soi : j’espère de tout cœur que mon
livre aidera chacun à évoluer vers l’optimisme et l’espérance.
Et maintenant le "Jeanne l'Alsacienne" test, à compléter selon ton inspiration :
J comme... Joséphine (le troisième prénom de Jeanne)
E comme... Enfance (celle de Jeanne n’a pas été très
gaie)
A comme... Alsace (évidemment)
N comme... Naissance allemande (à Colmar en 1880)
N comme... Ne pas en parler
E comme... Empreinte, expérience, élan
A comme... Ancêtres
L comme... Libération, laver à grande eau
S comme... Source de Soultzmatt (dans le Haut-Rhin)
A comme... À la claire fontaine, ou Ah vous dirai-je
maman ?
C comme... Choléra, culpabilité
I comme... Incendie
E comme... Emmanuel (mon père) et Élisabeth (ma mère)
N comme... Nessel (le nom de l’ancêtre et de la
source, ortie en allemand)
N comme... Naturellement pétillante
E comme... Éclabousse, espérance
Souhaites-tu ajouter quelque chose ?
Merci Stéphanie pour notre rencontre
et pour ta joie de vivre communicative !
À tous tes lecteurs :
lancez-vous dans la généalogie : ce n’est jamais du temps perdu…
Et surtout écrivez-moi vos avis
après avoir lu « Jeanne l’Alsacienne » !
Pour en savoir plus :
Le livre est disponible sur : Fnac, Decitre, Amazon
Et Librinova : https://www.librinova.com/librairie/laure-mestre/jeanne-l-alsacienne-1
Suivre l’aventure en images sur Instagram @jeannelalsacienne : https://www.instagram.com/jeannelalsacienne/
Mon site internet professionnel « À
tous les étages » : https://www.decoatouslesetages.fr
L’article « La déco pour les aveugles » sur mon blog de décoration : https://www.decoatouslesetages.fr/2016/05/09/la-deco-pour-les-aveugles/
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